Le 22 mars 2024 par Francoise Fontanelle
Adeline
Simon- Conseillère en formation et référente VAE
pour le Dispositif Académique de Validation des Acquis
du Rectorat de l’académie Nancy-Metz
La Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) permet de transformer son expérience en diplôme. Une réforme de ce dispositif se met en place progressivement. Adeline Simon, nous explique en quoi elle consiste. L’occasion de faire poser un éclairage sur l’intérêt de ce dispositif.
Il y a un an, la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE), a fait l’objet d’une réforme. En quoi consiste-t-elle ?
La loi sur la réforme de la VAE a été votée le 21 décembre 2022. L’objectif affiché par le Gouvernement visait à simplifier la démarche et à renforcer l’accompagnement des candidats qui s’engagent dans ce dispositif. Cette simplification passe par la création d’un portail unique de la VAE, France VAE.
Il permet désormais à tous les candidats de s’inscrire, quelle que soit la certification visée, via un formulaire unique dans lequel ils devront renseigner quelques items. Ensuite, ils se laisseront guider par l’organisme accompagnateur choisi. Celui-ci est dénommé l’architecte accompagnateur de parcours (AAP). Ce nouvel acteur dans le paysage de la VAE a pour mission de prendre le candidat en charge dès lors que celui-ci s’est inscrit sur France VAE, et de l’accompagner jusqu’à l’obtention de la certification.
En quoi France VAE va réellement simplifier la démarche ?
Avant, la VAE nécessitait pour le candidat de faire beaucoup de démarches en ligne : compléter un formulaire Cerfa, joindre des justificatifs, justifier d’une expérience professionnelle en lien avec la certification visée d’un an minimum. Aujourd’hui, il n’y a plus de barrière à l’entrée dans la démarche de VAE. Ces démarches et ces prérequis ne sont plus nécessaires. Les renseignements seront demandés par le AAP au cours de ses entretiens avec le candidat afin de vérifier que la démarche de VAE vers le diplôme choisi est pertinente.
L’autre volet de la simplification concerne le financement de l’accompagnement du candidat à la VAE. Avant cette réforme, le candidat pouvait mobiliser son compte personnel de formation (CPF), en solliciter le financement par son employeur, la Région ou Pôle emploi. Désormais, le financement est unique et se fait uniquement par France VAE, qui prend en charge à 100 % les coûts relatifs à l’accompagnement et à la démarche ainsi que les coûts pédagogiques. C’est-à-dire de l’inscription à la présentation au jury.
La réforme a-t-elle fait évoluer l’accompagnement des candidats ?
Le congé VAE, qui était jusqu’à présent de 24 heures, a été doublé dans le cadre de la réforme. Par exemple, un salarié qui souhaite réaliser son accompagnement VAE sur son temps de travail, après accord de son employeur, peut disposer d’un congé pouvant aller jusqu’à 48 heures.
Nous pouvons également proposer au candidat 70 heures d’actes formatifs ainsi que la possibilité de réaliser une immersion professionnelle dans une entreprise ou une structure afin que le candidat stagiaire puisse renforcer des compétences acquises, peut-être anciennes ou fragiles, qui nécessitent une actualisation. Mais aussi afin de renforcer les éléments qu’il peut transposer dans son dossier de validation.
Cette réforme est appliquée progressivement. Qu’est-ce que cela signifie ?
Aujourd’hui, ne sont engagés dans France VAE, que 200 certifications. Pour celles qui concernent l’Éducation nationale, cela représente environ 70 diplômes de niveau CAP à BTS et quelques diplômes d’État du travail social. L’engagement de France VAE se fait sur quatre filières aujourd’hui : les métiers du sport, de l’industrie métallurgique, de la grande distribution et ceux de la filière sanitaire et sociale. Mais elle concernera à terme toutes les certifications et toutes les filières.
De la même manière, la VAE, telle que la réforme l’établit aujourd’hui, est accessible aux salariés du secteur privé et aux demandeurs d’emploi. Elle ne sera ouverte que dans un second temps aux agents de la fonction publique, aux travailleurs indépendants et aux salariés transfrontaliers.
Qu’est-ce qui peut motiver un salarié à entrer dans la démarche de VAE ?
L’intérêt de la VAE est multiple et dépend des salariés concernés. Ce qui ressort des éléments de motivation des salariés, c’est d’abord le souhait d’obtenir un niveau de reconnaissance. Une reconnaissance personnelle à l’obtention d’un diplôme, car la VAE est avant tout une démarche individuelle et personnelle de la part du candidat.
L’obtention de la VAE peut également permettre de rendre crédible le positionnement du salarié dans sa structure par rapport à ses collègues ou à sa hiérarchie. Elle peut aussi concerner une évolution professionnelle ; dans certaines entreprises, le niveau de diplôme permettant d’accéder à des postes qui proposent plus de responsabilités. Une évolution de salaire, la rémunération peuvent dépendre, elles aussi, du niveau de diplôme. Enfin, la motivation peut favoriser une évolution du salarié à l’externe, la VAE pouvant permettre au candidat de postuler pour un poste dans une autre entreprise.
La VAE peut-elle être considérée comme un outil RH par les entreprises ?
Permettre à un salarié d’entrer dans une démarche VAE peut constituer, pour l’entreprise, un outil de fidélisation. En le soutenant dans sa démarche, elle peut lui montrer qu’elle porte de l’intérêt à son salarié, l’obtention du diplôme permettant d’envisager une évolution de son parcours dans l’entreprise. Elle peut aussi, par son soutien et l’accompagnement qu’elle mettra en place pour lui permettre d’obtenir la certification, porter sa démarche afin de distinguer son implication dans l’entreprise.
Dans tous les cas, une démarche VAE ne peut pas être imposée. Dans le cas où elle le propose à un salarié, c’est bien à ce dernier qu’appartient la décision d’en faire la demande.
Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est le DAVA, le dispositif au sein duquel vous intervenez en tant que conseillère en formation ?
Le DAVA, c’est le dispositif académique de validation des acquis. C’est-à-dire le service VAE du rectorat de l’académie Nancy-Metz. Nous sommes présents sur les quatre départements lorrains que compte le territoire de l’académie.
Nous gérons la démarche des salariés candidats de A à Z car, en tant que certificateur, nous avons une connaissance très pointue des diplômes de l’Éducation nationale proposés dans l’académie. Nous traitons les inscriptions, les études personnalisées menées dans un second temps avec les candidats que nous accompagnons jusqu’à la validation de leur certification. Nous organisons les jurys et formons les membres du jury que nous sollicitons pour nos comités d’évaluation.
Notre service est assez conséquent puisqu’il regroupe 14 personnes afin de traiter plus de 1 000 inscriptions à la VAE par an. Nous intervenons dans le paysage de la validation des acquis de l’expérience depuis 22 ans.
Concrètement, le siège du DAVA est situé à Nancy. Nous avons une antenne administrative et pédagogique à Metz, mais pour répondre à l’ensemble des candidats, le DAVA est présent sur l’ensemble du territoire de l’académie Nancy-Metz via le réseau des Greta. Une équipe d’une trentaine de formateurs, habilités par le recteur de l’académie à réaliser l’accompagnement VAE, permettent de proposer des parcours d’accompagnement au plus près des candidats, dans toutes les antennes Greta.
Pour quels types de formations doit-on s’adresser à vous ?
Plus de 200 formations sont déjà engagées dans le processus de la VAE sur France VAE. Nous intervenons uniquement dans le cadre des diplômes de l’éducation nationale, c’est-à-dire dans environ 70 formations, du CAP jusqu’au niveau BTS.
Les diplômes du supérieur (licence, master ou doctorat) dépendent de l’Université ; les titres professionnels du Ministère de travail et les certifications de qualifications professionnelles de la compétence des banches professionnelles.
Pour contacter le DAVA
ce.dava@ac-nancy-metz.fr
03 83 55 27 98
Cet article a été rédigé en partenariat avec DEBRIEF, le magazine de l’économie en Lorraine, à retrouver en version numérique ICI.