Les inégalités d’accès à la formation professionnelle

Les inégalités d’accès à la formation professionnelle


68 % des cadres ont suivi au moins une formation au cours de l’année, contre 33 % des ouvriers. La formation professionnelle profite aux plus diplômés, ce qui accroit les inégalités de parcours professionnels.

Moins de 20 % des adultes sortis de formation initiale avec un diplôme inférieur au baccalauréat ont suivi une formation professionnelle au cours des douze derniers mois en 2022. C’est trois fois moins que chez les diplômés bac + 3 (58 %), selon l’Insee [1]. Les ouvriers sont deux fois moins souvent formés (33 % de personnes formées sur une année) que les cadres supérieurs (68 %). Les chômeurs, qui devraient bénéficier d’une attention particulière, bénéficient deux fois moins que les personnes en poste d’une formation professionnelle (23 % contre 44 %).

Le statut et le cadre d’emploi jouent aussi. Pour profiter de formations au cours de sa vie active, il vaut bien mieux travailler dans le public (60 % de personnes formées) que dans le privé (49 %), avoir un CDI (49 %) qu’un contrat précaire (34 %) et surtout, travailler dans une grande entreprise (62 %) que dans une très petite (32 %). La formation professionnelle, plutôt que de constituer une « deuxième chance », sert à élever la qualification et à rendre plus productifs celles et ceux qui sont déjà les mieux armés. Ce phénomène accroit l’inégalité des chances au fil des parcours professionnels : les perdants du système scolaire ont davantage de difficultés à progresser dans la hiérarchie de l’emploi et se retrouvent plus souvent au chômage. Cette inégalité d’accès à la formation renforce les inégalités de niveaux de vie.

Entre 2016 et 2022, l’accès à la formation professionnelle est resté stable, autour de 40 % des personnes d’âge actif. L’Insee ne donne que peu d’éléments sur l’évolution des inégalités dans ce domaine. On sait tout juste que l’écart entre les personnes en emploi et les chômeurs s’est très légèrement réduit. Il n’en demeure pas moins que, chaque année, seul un quart des chômeurs accède à une formation [2]. Au fond, sur un sujet qui devrait faire l’objet d’un large consensus et d’un investissement public et privé important, un grand écart se maintient entre les discours sur l’égalité des chances et la réalité du monde du travail.

Vous avez dit « formation » ?
Les données sur la formation doivent être considérées avec une très grande précaution tant elles mélangent des pratiques différentes. Les chiffres englobent des formations qui durent de quelques heures à plusieurs semaines. 57 % des personnes en emploi formées ont eu droit à une formation courte (moins de douze heures). Seules 6 % d’entre elles ont suivi une formation longue, de plus de 60 heures.
Ces données concernent des formations non diplômantes. L’accès en cours de carrière à une formation menant à un diplôme ou à un titre reconnu est beaucoup plus rare : seuls 2 % des 18-64 ans en ont bénéficié en 2022-2023.

 



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