Enquête d’insertion professionnelle : quand l’indicateur 30 révèle la légitimité d’un enregistrement au RNCP, RSCH #2


Dans ce 4ème édito, je vous présente ma méthodologie d’approche de l’analyse de l’insertion professionnelle permettant de répondre aux critères 1 et 2 d’enregistrement d’une certification aux Répertoires (critère 1 = RNCP / critère 2 = RSCH) de France Compétences.

Si l’analyse de l’insertion professionnelle des titulaires de la certification est un des livrables obligatoires pour tout projet de certification à inscrire au RNCP, je vous recommande de fortement vous en inspirer pour en tirer les enseignements dans la note d’opportunité car elle facilitera l’évaluation de la valeur d’usage qu’en font les titulaires, si vous optez pour l’inscription d’une certification au RSCH.

Pour citer le VADEMECUM édité par France compétences (partie 2.1.2, page 18), « les données d’insertion des titulaires de la certification constituent un élément central de la fixation du périmètre du projet [RNCP ou RSCH] et de son positionnement en termes de niveau de qualification [exemple : niveau 4 de qualification pour un niveau baccalauréat], […] et du ou des emplois de débouchés. […] La détermination du périmètre doit enfin permettre de fixer le ou les emplois de débouchés« .

NB : Pour les projets répondants à la liste des emplois émergents/en forte tension, il n’est pas demandé de fournir les données d’insertion professionnelle des certifiés. 

 

AVANT-PROPOS

Le porteur de projet d’une certification visant le RNCP doit, à partir des données et l’analyse de l’insertion professionnelle, prouver que l’ensemble des activités professionnelles (présentées au référentiel de certification) sont mises en œuvre par une majorité de certifiés dans les 6 mois qui suivent la délivrance du parchemin : en d’autres termes, démontrer que la certification a permis à son titulaire d’occuper le métier pour lequel il a été formé par le porteur de projet de certification visant le RNCP.

NB : Au RSCH, il faudra faire la démonstration de la valeur d’usage (autre terme pour définir l’usage professionnel de la certification, plus adapté aux conditions du RSCH) des compétences acquises par l’apprenant (lors du parcours de formation) dans sa vie professionnelle, en situation de travail réelle. 

 

DÉCLINAISON OPÉRATIONNELLE

Axe 1 :

Collecte des données d’insertion professionnelle (ou pour le RSCH, de l’usage des compétences acquises en situation de travail)

L’indicateur 30 du RNQ Qualiopi® comporte déjà des éléments pertinents à exploiter pour collecter ces données et réaliser leur analyse.

Pour ce faire, il faut :

  • recourir à un système d’enquête à réaliser auprès des certifiés
  • récupérer des témoignages auprès des certifiés

 

Pour ne citer qu’elles, les enquêtes réalisées à 3 voire 6 mois post-formation (que certains nomment « à froid ») évaluant le niveau de transferts des acquis (cf. le niveau 3 d’évaluation selon la méthode Kirkpatrick©) font état des situations de travail dans lesquelles ont été nécessités et mis en œuvre les objectifs du parcours de formation découlant du projet de certification. Le porteur de projet de certification dispose par ce biais des éléments de preuve tangibles (et donc à exploiter lors du dépôt à France compétences) démontrant :

  • l’utilité de sa certification,
  • l’impact sur l’employabilité ou la sécurisation des parcours professionnels des utilisateurs de sa certification,
  • et les conditions spécifiques d’utilisation des compétences selon certaines situations de travail.

 

Axe 2 :

Analyse de l’insertion professionnelle des certifiés et de la valeur d’usage de la certification

Le recueil puis « l’analyse des appréciations [dans le cadre de l’enquête à froid] des bénéficiaires » permettent de disposer des données brutes collectées de l’usage de la certification, ou des activités visées, par les certifiés.

Ensuite, il faut :

  • procéder au calcul statistique des données collectées
  • faire ressortir les grandes tendances des données étudiées

Pour citer le VADEMECUM édité par France compétences (partie 2.4.2, page 48), « deux taux d’insertion sont pris en compte dans l’instruction d’un projet de certification : le résultat de l’insertion dans la cible d’emploi [=Nombre de répondants dans le métier visé (« moins » les personnes neutralisées du calcul) « divisé par » le nombre de répondants (« moins » les personnes neutralisées du calcul)] et le résultat de l’insertion global [= Nombre de répondants en emploi (« moins » les personnes neutralisées du calcul) « divisé par » le nombre de répondants (« moins » les personnes neutralisées du calcul)]« .


ALLONS PLUS LOIN

Pour assurer une parfaite rédaction de cette démonstration, le porteur de projet de certification doit répondre de manière explicite, circonstanciée, à ces questions :

1. Est-ce que les certifiés exercent l’emploi ou les activités visées par le projet de certification ?


Si la réponse est non
, le porteur de projet devra expliquer ce qui a fait que le pourcentage de certifiés concernés se sont détournés du métier ou des activités visés par la certification.

Si la réponse est oui, le porteur de projet devra exposer le pourcentage de certifiés ayant :

1° accédé à un emploi, 

2° bénéficié d’une mobilité́ ou d’une promotion professionnelle au sein de l’entreprise dans laquelle ils travaillaient avant d’entrer dans le parcours certifiant. 

2. La certification a-t-elle eu un impact positif sur le parcours professionnel des certifiés, par rapport à leur situation avant d’entrer dans le parcours certifiant de formation ? , en termes de :

1° type de contrat de travail, 

2° de rémunération. 

 

CONCLUSION

Conformer un projet de certification aux critères (critère 1° pour le RNCP et critère 2° pour le RSCH) d’enregistrement aux Répertoires de France Compétences consiste, pour le porteur de projet, à présenter les bénéfices que la certification apportera à ses titulaires, c’est-à-dire de montrer concrètement l’utilité avérée de son projet de certification.

Ainsi, les mots d’ordre, pour un porteur de projet, doivent être « évolution professionnelle » et « insertion professionnelle » des publics formés.

Pour citer le VADEMECUM édité par France compétences (partie 1.1, page 5), « la certification [doit être] une garantie pour les actifs ou les futurs actifs, en matière :

  • de sécurisation de leur parcours professionnel, à travers un signal visible de leur qualification et de leurs compétences ;
  • d’insertion professionnelle, les compétences acquises étant en adéquation avec les besoins du marché du travail ;
  • de reconnaissance de leurs aptitudes professionnelles ;
  • de possibilité de mobilité et d’évolution professionnelles […]« .

Si aucune transformation du certifié n’est visible entre le moment où il est entré dans le parcours certifiant et le moment où il a obtenu sa certification, cela signifie que le projet ne relève pas des Répertoires de France Compétences : c’est bien « l’analyse de l’efficacité et de la nature de l’insertion découlant du projet [qui permet] de mesurer l’impact d’une certification sur la trajectoire professionnelle de ses titulaires (et d’inférer sa valeur ajoutée) » (VADEMECUM, partie 2.1.1.1, page 16).

En somme,

  • le RNCP sera le bon répertoire d’enregistrement du projet de certification si ce dernier permet a posteriori à ses titulaires une insertion, réorientation, ou reconversion professionnelle.
  • le RSCH sera le bon répertoire d’enregistrement du projet de certification si ce dernier permet a posteriori un maintien dans l’emploi (ou dans quelques cas une insertion dans un nouveau métier, voire une création d’activité /d’entreprise) conditionnée par une spécialisation du titulaire dans le métier exercé ou encore une augmentation du périmètre d’intervention du titulaire avec la réalisation d’activités complémentaires au métier exercé.

Savoir (re)considérer sa copie a donc du bon pour légitimer l’opportunité d’un dépôt du projet de certification.
À bon entendeur 😉…

Et, pour poursuivre notre saga, je vous donne rendez-vous à l’occasion d’un 5ème édito que je consacrerai aux modalités d’organisation des évaluations et aux procédures de leur contrôle (notamment dans le cadre de partenariats), devant être instaurées et pilotées par l’organisme certificateur propriétaire d’une certification enregistrée au RNCP ou au RSCH, faisant écho aux indicateurs 8, 9, 11, 16, 26, 27 du RNQ.

 

Retrouvez les précédents éditos d’Élodie sur le thème des Certifications professionnelles : 

 



Source link

Autres articles