Animatrice – Emploi, Orientation, Formation : Lampe de poche, le podcast qui éclaire votre quotidien pro. ‘le podcast qui éclaire votre quotidien pro.
(extrait du film Intouchables)
Je vous en prie asseyez vous.
[bruit de porte qui claque]
Protagoniste 1 – Vous avez des références ?
Protagoniste 2 – Ouais, des références, ouais.
Protagoniste 1 – Bah on vous écoute.
Protagoniste 2 – Je sais pas. Kool and the Gang, Earth Wind & Fire, c’est des bonnes références, ça, non?
(fin de l’extrait)
Animatrice – Le personnage interprété par Omar Sy dans cet extrait du film Intouchables semble questionné quant à ses compétences professionnelles et pourtant la suite du film nous montrera bien le contraire. À l’heure où chacune et chacun pilote son évolution professionnelle et diversifie ses expériences le bon vieux CV paraît parfois un peu réducteur pour valoriser la pluralité des compétences professionnelles et transversales. De la prise de conscience de ses propres compétences à la valorisation de celle-ci les open badge ou badges numériques sont une réponse intéressante. En effet que ce soit dans le champ de l’accompagnement, de l’orientation ou de la formation visibiliser les compétences est indispensable..
[Musique]
Aujourd’hui nous discutons en Visio avec Cécile Trédaniel, formatrice et facilitatrice, passionnée par l’intelligence collective. Elle coanime le collectif Badgeons dans sa région l’Occitanie. Alors Cécile, en quoi les open badges sont-ils une opportunité pour la question qui nous occupe aujourd’hui comment rendre visibles les compétences ?
Cécile Trédaniel – Très bonne question pour commencer. Alors c’est vrai on parle souvent de de rendre visibles les compétences mais peut-être qu’on peut même encore élargir. Parce que derrière compétences on peut englober les savoir-être, les savoir-faire, qui se glissent souvent dans nos apprentissages informels on peut même élargir peut-être aux engagements ou au rôle que l’on tient parce que les badges ont pour ambition, défi de de rendre justement visible toutes ces petites choses qui sont invisibles, intouchables pour reprendre la référence cinématographique.
Animatrice – Alors comment les badge arrivent à relever ce défi ?
Cécile Trédaniel – Trois points en tout cas qui me semblent importants. La première chose c’est que les badges s’adaptent à toutes les situations. C’est-à-dire qu’ils sont capables de montrer la diversité de nos facettes et la diversité de nos profils. Donc c’est le premier point, c’est la flexibilité des badges à mon avis. Le deuxième élément qui me semble important c’est que les badges redonnent du pouvoir d’agir. C’est-à-dire que, quand on a des badges, quand on rentre dans ce système-là de reconnaissance ouverte, on n’est plus à attendre une reconnaissance descendante mais au contraire on peut reprendre du pouvoir et ça donne beaucoup d’autonomie. Et le troisième point, à mon avis, c’est que les badges sont un petit outil numérique qui est vivant. Ce n’est rien de plus qu’une image avec derrière des données, qui se cachent derrière. Ça s’appelle des métadonnées. Par exemple, quand vous prenez une image, donc je ne sais pas, une photo avec votre smartphone vous allez voir un paysage mais derrière se cachent des données. Comme la date ou la géolocalisation. Les open badges ça fonctionne pareil. C’est un format standard derrière lequel on rajoute des informations.
Animatrice – Merci Cécile pour ces premiers éléments de définition. Est-ce que tu peux nous parler des éditeurs des Open badge ? qui sont-ils ?
Cécile Trédaniel – Ça peut être tout le monde. On pense en premier lieu peut-être à une institution à une grande école, une structure de formation. Mais en fait ça peut être aussi toi, moi… il y a aucune difficulté technique pour la création de l’image, il y a des outils qui facilitent la démarche, il n’y a pas besoin d’être un super graphiste. N’ayez crainte c’est facile. Par contre ce qui va demander un petit peu de porter une attention particulière, c’est plutôt sur les éléments qu’il y a derrière ce badge. C’est-à-dire, le titre, qu’on va essayer de trouver un peu percutant. Les critères d’obtention, la définition et cetera. Et ça c’est une petite manipulation, une petite philosophie, une façon de voir qui demande une réflexion assez intéressante.
Animatrice – et alors, du côté des porteurs des Open badge qui sont-ils ?
Cécile Trédaniel – c’est la même bonne question que la précédente. C’est-à-dire que ça peut être tout le monde. Et c’est ça qui est intéressant. C’est qu’il n’y a pas un clan des Badgés et un clan des badgeurs, un clan des gens qui reconnaissent et d’autres qui sont reconnus. La reconnaissance tout le monde en a besoin, c’est utile pour tout le monde. On peut à tout moment endosser les deux rôles c’est-à-dire être dans la peau du badgeurs, être dans la peau du badgé et on peut même se faire des propres badges. Donc des selfies badge c’est-à-dire se reconnaître soi-même.
Animatrice – alors Cécile ce que tu viens de me dire puisque tout le monde peut être badgé et badgeur, qu’en est-il du sérieux de l’Open badge ? quelle garantie on a ?
Cécile Trédaniel – Je vais vous faire une réponse en deux temps. Le premier point, c’est que le badge pour moi, en tant que tel, en tant qu’objet numérique n’a pas de valeur. C’est son usage qui va lui donner de la valeur. La deuxième chose c’est que les badges, je vous ai dit ce sont des choses, des objets vivants qu’on va pouvoir enrichir. Et on peut les enrichir agir de deux façons : en mettant des preuves, de la documentation, des traces et puis on va pouvoir le nourrir par des liens de confiance, qu’on appelle des endossements au fur et à mesure ce badge prend de la valeur. La valeur du badge, elle ne se perd pas parce qu’il y a plein de types de badges. Au contraire ça s’enrichit. Si on prend l’exemple de la biodiversité on voit bien qu’en ce moment sur notre planète à chaque fois qu’il y a des espèces qui disparaissent on est en train de perdre quelque chose. Cette fois-ci on est dans l’économie de l’abondance, c’est ça qui fait notre richesse sur la biodiversité, j’ai envie de dire que sur les badges c’est pareil, c’est comme sur les humains : c’est nos différences qui font notre richesse.
Animatrice – comment est-ce qu’on peut attester des badges qu’on porte et comment est-ce qu’on peut rendre visible cette diversité ?
Cécile Trédaniel – il existe des plateformes, des galeries, des vitrines de badges où on va pouvoir mettre un peu en scène ses badges. En montrer quelques-uns, en montrer plus. L’avantage des Open badges c’est leur portabilité. L’idée qu’on puisse les montrer sur plusieurs plateformes mais aussi que je puisse les montrer sur les réseaux sociaux que je puisse les mettre sur un CV numérique mais aussi pourquoi pas les imprimer les mettre en signature de mes mails à chaque fois, avec un petit lien, n’importe qui pourra cliquer dessus pour pouvoir lire ce badge. À travers ce que tu viens de dire on comprend la puissance des Open badge dans les domaines qui nous concernent à savoir l’accompagnement l’orientation et la formation.
Animatrice – est-ce que tu pourrais nous donner un ou plusieurs exemples concrets, tirer de ton expérience quant au bénéfice pour les usagers les porteurs des badges numériques ?
Cécile Trédaniel –le premier exemple qui me vient en tête c’est sur le fait que les badges puissent redonner confiance. Deuxième exemple peut-être concret du bénéfice, c’est aussi l’auto-positionnement ou la visualisation dans un parcours de formation
Animatrice – Cécile est-ce que le mouvement des Open badge est-ce qu’il se développe ? est-ce que c’est un mouvement qui prend, qui convainc ? quelle est son ampleur ?
Cécile Trédaniel – peut-être pour commencer il faut replacer le contexte historique. Les open badges sont relativement nouveaux, puisqu’ils ont été créés en 2010-2011 par la fondation Mozilla et il faut attendre 2016-2017 pour qu’il débarque en France sur les plages normandes d’abord comme un bon débarquement. Voilà c’est ça a commencé à l’université de Caen et ça prend petit à petit un peu partout en France donc il y a un mouvement. Et petit à petit, des collectifs comme ça se montent à droite à gauche à l’échelle régionale. Mais même parfois départemental ou des villes. Et on voit que la carte de la France commence à se couvrir de ces collectifs. Où là cette fois-ci, on voit que des institutions, Pôle emploi essayent de prendre en considération l’avantage, l’usage des badges et qu’est-ce qu’on va pouvoir en faire et on voit que ce n’est pas seulement point de vue Pôle Emploi ou des prescripteurs ou des formateurs mais aussi des entreprises petit à petit qui s’acculture collectivement à qu’est-ce que c’est que des Open Badges, comment on peut en faire ? Je suis intervenue récemment dans une conférence où il y avait des personnes des ressources humaines de grands groupes qui étaient là et qui commençaient à réfléchir justement à comment utiliser les badges aussi dans leur sélection.
Animatrice – qu’est-ce que tu pourrais conseiller à un professionnel de notre région Auvergne-Rhône-Alpes qui aimerait aller plus loin dans la découverte de ce mouvement ?
Cécile Trédaniel – alors d’abord je pense se former et ça il existe des formations en ligne et on pourra donner les références des formation en libre accès le deuxième point c’est surtout de pas y aller tout seul et s’entourer donc si vous pouvez vous former avec un collègue pour pouvoir en discuter en interne et peut-être troisième et dernier conseil c’est de commencer par soi de pas s’improviser créateur de badge pour les autres mais peut-être de regarder ce que ça fait que de recevoir un badge.
Animatrice – peut-être avant de conclure cette discussion, tu pourrais nous donner trois arguments pour donner envie à nos auditeurs d’aller plus loin
Cécile Trédaniel – trois seulement ? le premier qui me vient en tête, c’est pour moi… la découverte des badges ça a été l’occasion de faire un pas de côté. Bah je trouve ça toujours enrichissant de rencontrer des outils sur notre parcours qui nous permettent d’aller un peu plus loin et de regarder autrement donc j’ai envie d’inciter les gens à faire ça. Le deuxième c’est, je reviens encore une fois, mais comment on peut redonner de la confiance et je pense que ça soit à l’adolescence mais aussi en reconversion professionnelle. C’est important d’avoir de de la confiance dans son dans son bagage nous permet en donnant du pouvoir d’agir de participer peut-être à une société moins hiérarchique et plus juste. Le troisième puisque j’ai le droit à trois, c’est d’utiliser quand même un support contemporain un support numérique qui permet une mise à jour constante une disponibilité de la ressource aussi constante là il y a une a cet outil qui est lancé et ça serait vraiment dommage de louper le train c’est maintenant que c’est en plein essor donc bah allons-y.
Animatrice – on arrive à la fin de notre discussion un grand merci Cécile pour cet échange qui j’espère donnera envie à nos auditeurs d’approfondir ce sujet passionnant que sont les badges numériques vous retrouvez les infos pratiques liées à notre discussion du jour dans la description. Et en attendant de vous retrouver autour d’un prochain épisode nous vous invitons à nous suivre sur LinkedIn et sur notre site internet viacompéence.fr qui regorge d’infos et de pépites pour les professionnels de l’orientation de la formation et de l’emploi.