État des lieux de la certification professionnelle en 2025 – myCertif

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En 2024, le paysage de la certification professionnelle en France a considérablement évolué, façonné par les réformes successives et les mutations rapides du marché du travail. Dans un marché du travail où les compétences sont devenues la clé de voûte de l’employabilité et de la compétitivité des entreprises, les certifications professionnelles jouent un rôle incontournable. 

Aux individus, elles permettent de faire reconnaître leurs compétences, de sécuriser leurs parcours et de s’adapter aux évolutions des métiers. Pour les employeurs, elles offrent un repère fiable pour recruter et développer les talents. 

Mais quels sont les enjeux et quels seront demain les défis de la certification professionnelle ? MyCertif vous fait découvrir les rouages de ce système en pleine mutation.

Le cadre réglementaire actuel

Le cadre réglementaire de la certification professionnelle a été profondément remanié ces dernières années, avec comme point d’orgue la loi Avenir professionnel de 2018. Celle-ci a impulsé une nouvelle dynamique, plaçant les certifications au cœur des politiques d’emploi et de formation.

La loi Avenir professionnel de 2018 et ses impacts

Promulguée le 5 septembre 2018, la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel a opéré une refonte du système de certification. Elle a notamment instauré une nouvelle gouvernance avec la création de France compétences, chargée de réguler le marché et d’assurer la qualité des certifications. La loi a également renforcé le rôle des blocs de compétences et instauré de nouveaux critères d’enregistrement aux répertoires nationaux.

Le rôle de France compétences

Depuis le 1er janvier 2019, France compétences est l’unique instance de gouvernance nationale de la formation professionnelle et de l’apprentissage. Elle a pour mission d’assurer le financement, la régulation et l’amélioration du système. C’est elle qui établit les critères d’enregistrement des certifications aux répertoires nationaux et qui en assure le suivi et le contrôle qualité. Les organismes certificateurs doivent donc se conformer à ses exigences pour voir leurs certifications reconnues.

Les différents types de certifications professionnelles

Il existe aujourd’hui deux grands types de certifications professionnelles en France : celles enregistrées de droit au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP) et celles inscrites au Répertoire spécifique (RS) sur demande des organismes certificateurs.

Les certifications enregistrées au RNCP

Le RNCP a vocation à devenir le répertoire unique recensant toutes les certifications professionnelles reconnues par l’État. Y sont enregistrés de droit les diplômes et titres à finalité professionnelle délivrés au nom de l’État, ainsi que les CQP des branches professionnelles. Les autres certifications doivent répondre aux critères définis par France compétences pour y être inscrites sur demande, après instruction par la Commission de la certification professionnelle.

Les certifications du Répertoire Spécifique RS

À côté du RNCP, le Répertoire spécifique (RS) recense les certifications et habilitations correspondant à des compétences professionnelles complémentaires aux certifications professionnelles. On y trouve notamment des certificats de compétences professionnelles, des certifications de langues, des habilitations réglementaires, etc. Leur enregistrement se fait également sur demande auprès de France compétences.

Le processus d’enregistrement des certifications

Pour faire reconnaître une certification professionnelle, les organismes certificateurs doivent constituer un dossier et le soumettre à France compétences qui instruit la demande. Un processus qui répond à des critères précis et implique un réexamen régulier.

Lire notre article sur les exigences France compétences pour l’enregistrement d’une certification au RNCP >

Lire notre article sur les exigences France compétences pour l’enregistrement d’une certification au RS >

Les acteurs clés du système de certification

Si France compétences est le chef d’orchestre du système, la certification professionnelle implique en réalité une multitude d’acteurs, publics et privés, nationaux et internationaux. Tour d’horizon des principaux intervenants.

Les organismes certificateurs

Qu’il s’agisse d’établissements publics, d’organismes de formation, d’entreprises ou d’associations, les organismes certificateurs sont au cœur du dispositif. Ce sont eux qui conçoivent, développent et délivrent les certifications professionnelles. Ils doivent pour cela répondre à un cahier des charges strict et se conformer aux critères qualité de France compétences.

Les branches professionnelles

Les branches professionnelles jouent également un rôle clé, notamment à travers la création de certificats de qualification professionnelle (CQP). Elles définissent les compétences attendues dans leurs métiers et s’assurent de l’adéquation des certifications avec les besoins en compétences. Elles participent aussi aux jurys de certification aux côtés des organismes certificateurs.

Les ministères et organismes publics

L’État reste un acteur majeur de la certification, à travers ses ministères certificateurs (Éducation nationale, Enseignement supérieur, Agriculture, Travail, etc.) et ses établissements publics comme le CNAM ou l’AFPA. Ils délivrent une large palette de diplômes et de titres, du CAP au doctorat, qui sont enregistrés de droit au RNCP. Ils participent aussi à l’élaboration des référentiels et siègent dans les instances de gouvernance comme la Commission de la certification professionnelle.

L’impact des certifications sur le marché du travail

​​Dans un marché du travail en tension, les certifications professionnelles sont devenues un véritable sésame pour l’emploi. Elles permettent aux individus de signaler leurs compétences et aux employeurs de sécuriser leurs recrutements :

  • Reconnaissance des compétences par les employeurs : Les certifications professionnelles sont importantes dans les procédures de recrutement des employeurs. Gage de compétences validées, elles rassurent sur l’opérationnalité des candidats et facilitent l’intégration des nouveaux collaborateurs. 
  • Employabilité et évolution professionnelle des titulaires : Pour les individus, détenir une certification professionnelle est un atout indéniable sur le marché du travail. Les certifications favorisent la montée en compétences et les mobilités professionnelles.

Les tendances actuelles et émergentes

Le système français de certification professionnelle n’a de cesse d’évoluer pour s’adapter aux nouvelles exigences du marché du travail et tirer parti des opportunités du numérique. Plusieurs tendances se dessinent, appelées à s’amplifier dans les années à venir.

Développement des blocs de compétences

Depuis la loi Avenir professionnel, toute certification enregistrée au RNCP doit être structurée en blocs de compétences évaluables et certifiables. Une évolution qui répond aux besoins croissants de personnalisation des parcours et de reconnaissance des compétences acquises. Les blocs offrent plus de souplesse et de réactivité face aux mutations accélérées des métiers.

Digitalisation des processus de certification

Dématérialisation des dossiers, plateformes d’évaluation en ligne, badges numériques… La digitalisation gagne du terrain dans le monde de la certification. Elle fluidifie les procédures administratives, facilite l’accès aux certifications et renforce la traçabilité des parcours. Des innovations technologiques comme la blockchain commencent aussi à être expérimentées pour sécuriser les attestations.

Les défis et enjeux actuels

Malgré les avancées récentes, le système français de certification professionnelle reste confronté à plusieurs défis pour gagner en lisibilité, en agilité et en cohérence. Des chantiers prioritaires pour les organismes certificateurs.

Adaptation aux évolutions rapides du marché du travail

Face à l’émergence des nouveaux métiers et à l’obsolescence accélérée des compétences, les certifications doivent gagner en réactivité. Un défi majeur qui implique de renouveler les approches d’ingénierie, d’impliquer davantage les entreprises dans la conception des référentiels et de raccourcir les délais d’enregistrement aux répertoires. L’enjeu : des certifications agiles, au plus près des besoins du marché.

Harmonisation des certifications au niveau européen

Autre défi de taille : renforcer la lisibilité et la portabilité des certifications françaises à l’échelle européenne. Si des outils comme le cadre européen des certifications (CEC) ont été développés, des marges de progrès subsistent pour faciliter la reconnaissance des diplômes et favoriser la mobilité des travailleurs. Un chantier clé à l’heure où les parcours professionnels se construisent de plus en plus au-delà des frontières.

Perspectives d’avenir

Plusieurs évolutions sont attendues à moyen terme, comme la fusion annoncée du RNCP et du RS, la refonte du cadre national des certifications professionnelles ou encore le développement de l’approche compétences dans les entreprises. Des transformations qui devraient renforcer la cohérence et l’efficience du système, au service de la compétitivité et de la sécurisation des parcours.

Avec l’accélération des transitions professionnelles, la certification est plus que jamais un pilier des stratégies de formation tout au long de la vie. Selon une étude prospective, elle devrait représenter 30% des dépenses de formation en 2030, contre 20% aujourd’hui. Associée à des dispositifs comme le compte personnel de formation (CPF), elle offre de formidables opportunités pour maintenir son employabilité et rebondir face aux aléas. Un atout décisif à l’ère des parcours choisis et sécurisés.

En définitive, le système français de certification professionnelle est à un tournant de son histoire. Bousculé par les mutations du travail et les exigences croissantes de compétences, il doit impérativement gagner en souplesse et en proximité avec les besoins du marché. Un défi majeur pour les organismes certificateurs, qui doivent repenser leurs modèles et leurs pratiques pour devenir des acteurs clés de la sécurisation des parcours. 

Car au-delà des enjeux économiques, c’est bien une question de justice sociale qui se joue. Celle de permettre à chacun de voir ses compétences reconnues et valorisées, pour construire son avenir professionnel en toute liberté.

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