Les micro-certifications et les micro-formations qui leur sont associées séduisent les entreprises et leurs collaborateurs. Parce que, courtes et ciblées, elles sont une réponse rapide à la demande de compétences spécifiques ; parce qu’elles ouvrent de belles opportunités au développement professionnel. Retour sur une tendance qui transforme la formation continue en entreprise. Retour sur une étude du Cedefop.
Un modèle de formation adapté aux défis du marché
Contexte : un marché du travail chambardé. Les entreprises (« skill-based » ou non) n’ont d’autre choix que d’adapter aussi vite que possible leur pool de compétences. Formations et micro-certifications courtes, focalisées sur des compétences précises, répondent à cette exigence, en particulier sur fond de numérisation et de nouvelles exigences sectorielles. Les collaborateurs peuvent se « micro-former » chaque fois que c’est nécessaire (micro-évolution du poste de travail, gap de compétences pour gagner en mobilité, etc.), sans s’engager dans un long programme de formation. C’est la réunion de toutes les micro-formations qui finit par dessiner un parcours. Si l’on s’en tient à la transformation digitale du travail, 90 % des emplois actuels exigent des compétences numériques, alors que seulement 54 % des actifs en Europe disposent de ces compétences (source : Cedefop). Une demande croissante pour des compétences pointues, donc : des micro-certifications qui trouvent là leur pertinence (on se souviendra du passé pas si lointain du concept de passeport bureautique !).
Flexibilité et employabilité renforcées pour les collaborateurs
Le principe de la micro-certification : un moyen pour les collaborateurs de maintenir ou de perfectionner leurs compétences de manière flexible et accessible, dans le respect d’un équilibre obligations professionnelles x personnelles, via des formations dont la durée varie de 10 à 50 heures. Cette flexibilité, qui se traduit notamment par l’adaptation à l’emploi du temps des salariés, devient un atout de taille, pour les deux parties (entreprise, collaborateurs). Les micro-formations constituent une belle illustration de l’apprentissage dans le flux du travail ; elles peuvent naturellement prendre place dans les initiatives de type 70/20/10 ou AFEST. En outre, la micro-certification valorise des acquis directement applicables en entreprise. Les salariés, en enrichissant leur portefeuille de compétences, augmentent leurs chances d’évoluer au sein de leur entreprise ou d’accéder à de nouveaux postes, ce qui renforce leur employabilité. Pour les jeunes talents comme pour les profils plus expérimentés, les micro-certifications permettent de rester compétitifs et alignés sur les tendances du marché.
Un levier de rétention des talents et de productivité pour les entreprises
En matière de rétention des talents, les micro-certifications sont un puissant outil. En investissant dans des programmes de formation adaptés aux besoins de leurs équipes, les entreprises témoignent de leur engagement pour le développement professionnel de leurs collaborateurs dont la fidélité ne peut être ainsi que renforcée. Ce point est mis en évident par l’étude du Cedefop : inclure des micro-certifications dans des parcours de développement de compétences favorise la rétention et améliore la productivité. Une démarche qui vaut particulièrement dans les phases d’onboarding des récents embauchés. Elles contribuent également à réduire les coûts et le temps investis dans la formation. Contrairement aux programmes de formation plus traditionnels, les micro-formations ne nécessitent pas de longues périodes d’absence pour les salariés. L’investissement est vite rentabilisé pour les entreprises qui auront la curiosité d’aligner quelques chiffres…
Une réponse ciblée aux pénuries de compétences et à l’évolution rapide des secteurs
Ces micro-certifications x formations sont déjà mises en œuvre dans nombre d’industries comme la microélectronique ou l’automatisation, via des modules de base d’une durée de 30 à 50 heures qui permettent aux salariés d’acquérir des compétences essentielles, complétées par des modules « satellites » pour des compétences encore plus pointues. De nombreuses entreprises intègrent ce type de formations dans leurs politiques de développement, contribuant ainsi à combler les manques en compétences techniques. En France, les entreprises des secteurs de la technologie, de la cybersécurité ou encore de l’industrie manufacturière sont particulièrement intéressées par cette modularité et cette agilité dans la formation. Cette adaptabilité est essentielle pour répondre à l’évolution rapide des technologies et des attentes du marché. Selon des estimations, plus de la moitié des États membres de l’Union européenne ont d’ailleurs intégré les micro-certifications dans leurs cadres nationaux de certification, renforçant ainsi leur reconnaissance.
Vers une standardisation et une reconnaissance accrue des micro-certifications
L’un des défis majeurs dans la mise en œuvre des micro-certifications demeure leur reconnaissance par l’ensemble des parties prenantes, en particulier les employeurs. Pour être acceptées, les micro-certifications doivent offrir des garanties de qualité et de pertinence. Les discussions à l’échelle européenne visent ainsi à harmoniser les critères d’évaluation, de reconnaissance et d’assurance qualité des micro-certifications. Des initiatives, comme la participation des employeurs à la conception des programmes, permettent d’assurer leur alignement avec les besoins concrets des métiers. En outre, la référence aux cadres nationaux de certification, tel le CNC en France, contribue à leur donner davantage de valeur et de crédibilité. Par ailleurs, les certifications numériques, notamment les badges numériques, jouent un rôle grandissant. Ces formats permettent de fournir des preuves des compétences acquises et de garantir la sécurité des données des apprenants, facilitant ainsi la gestion des certifications par les entreprises.
Des perspectives prometteuses pour l’inclusion et l’équité dans l’accès à la formation
Les micro-certifications ont également un rôle social majeur : elles facilitent l’inclusion des groupes sous-représentés dans les formations, spécialement les personnes peu qualifiées, les travailleurs en reconversion et les jeunes diplômés en quête de leur premier emploi. Le soutien financier, qu’il provienne des entreprises ou des fonds publics, est un facteur crucial pour assurer un accès équitable à ces formations. Les entreprises françaises, en soutenant financièrement leurs salariés dans ces démarches, contribuent à combler les inégalités d’accès à la formation.
Finalement, les micro-certifications représentent un modèle de formation adapté aux réalités contemporaines du marché du travail. En offrant flexibilité, spécialisation et accessibilité, elles répondent aux besoins des entreprises comme des salariés, qui voient dans ces formations un levier de développement personnel et professionnel. Les perspectives qu’elles ouvrent pour la fonction formation en entreprise sont vastes, et leur impact sur la productivité, la fidélisation des talents et la compétitivité des entreprises françaises est indéniable.
Pour en savoir plus : L’étude du Cedefop sur les micro-certifications